Les cités Michelin
(Métropole de Clermont-Ferrand)
Patrimoine vivant pour la ville de demain
PRESENTATION DU PROJET
Responsables scientifiques : Bénédicte Chaljub et Amélie Flamand
Cette recherche, lancée en 2021, porte sur les cités de la Manufacture française des pneumatiques Michelin de Clermont-Ferrand édifiées au début du 20e siècle. Bien qu’en partie démolies, elles forment encore aujourd’hui une des identités fortes de la ville, rappelant son histoire industrielle.
Edifiées pour une grande partie pendant l’entre-deux guerres, ces cités illustrent une volonté paternaliste assez unique en France. Elles sont d’abord conçues comme des ensembles de maisons jumelées en série, au confort de l’époque, issues d’une ambition de rentabilité du chantier et des coûts, mais toujours accompagnées de jardins. La méthode taylorienne de production des pneus est ici appliquée à la construction des types de maisons jumelées, accompagnée par une pensée urbaine hygiéniste. Les dispositifs architecturaux et urbains varient ensuite après la seconde guerre mondiale, allant des maisons en bande, jusqu’aux processus de construction Castors, et se concrétisent enfin sous la forme d’immeubles.
Depuis qu’elles ont été vendues par Michelin, les cités font l’objet de transformations sensibles et variables, d’un point de vue architectural comme sociologique, selon qu’elles sont gérées par des bailleurs sociaux ou rachetées par des particuliers.
Dans ce contexte, nous nous penchons sur leur devenir en nous interrogeant sur la place de ce patrimoine, matériel comme immatériel, au regard des enjeux écologiques et sociaux qui traversent la ville du XXIè siècle. Quelles sont les spécificités de ces formes d’habitat et de ces modes d’habiter ? Quel peut être l’avenir de ces logements édifiés dans la première moitié du XXè siècle ? En quoi les cités Michelin constituent-elles un patrimoine “vivant”, capable de s’adapter aux impératifs environnementaux et sociaux contemporains ?
Cité de Chanturgue – panoramique ©Bénédicte Chaljub
Il s’agit ainsi de saisir, inventorier et enregistrer les traces de ce mode d’habiter, considéré comme un patrimoine matériel (habitations, jardins, écosystèmes) et immatériel (récits de vie, pratiques et usages, relations sociales), et de mettre en évidence les évolutions, les potentialités d’adaptation et d’invention qu’il suscite. Comme le suggèrent déjà certains habitants rencontrés qui construisent, transforment, s’approprient et parfois restaurent ces ensembles.
Il convient, d’autre part, pour tenter de construire une “culture du vivant”, d’observer, de relever et d’inventorier plus particulièrement les jardins et leurs composants, qui ont joué et jouent encore un rôle de grande importance, par leur capacité vivrière, par leur statut d’espace de transition entre le logement et le domaine public de la rue (ou de la venelle), par leur relation au grand paysage, par leur support à la biodiversité et à la cohabitation entre humains et non humains. Ces cités sont ainsi investiguées au travers d’analyses paysagères, mais également au regard de leur faune et de leur flore. Car si leur fonction a bien évolué entre le jardin ouvrier de la première moitié du XXè siècle strictement dévolu à la fonction de potager, au jardin contemporain conçu comme un espace de mise en scène, de plaisir et de loisir, ils n’en restent pas moins un espace majeur à l’échelle individuelle comme collective au moment où Clermont Auvergne Métropole élabore son PLUI. De quelles manières ces jardins peuvent participer de “trames écosystémiques” multi-scalaires?
Partenaires financiers
Cette recherche est rendue possible par le soutien financier de l’UMR Ressources, de l’ENSA Clermont-Ferrand, de Clermont Auvergne Métropole, ainsi que de la DRAC et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de son appel à projet Mémoires des 20e et 21e siècles en AURA.
Notre intention est aussi de valoriser ce patrimoine “vivant”, au-delà de sa banalité apparente, au regard des potentialités qu’il offre pour l’avenir de l’habiter en ville à l’heure de l’anthropocène. Si, à ce jour, peu de cités ouvrières bénéficient d’un regard patrimonial en France (un très faible nombre de protections au titre des Monuments Historiques octroyées d’après ce qu’indique la base de données Mérimée), la situation semble évoluer à Clermont-Ferrand ces toutes dernières années. Plusieurs dispositifs, visant à leur porter une attention particulière, voire à définir une politique de préservation, émergent.
In fine, nous souhaitons par cette recherche, aux côtés et avec les acteurs du territoire, contribuer au débat contemporain, qui porte sur l’habitat du XXIè siècle. Comment concilier besoins en logement pour des familles modestes voire populaires, attentes des habitants et impératifs environnementaux (tels que l’objectif de “zéro artificialisation nette” à l’horizon 2050 défini par la loi Climat et résilience votée en 2021) ? Les cités Michelin, par leurs atouts que sont leur densité spécifique, la frugalité de leur surface habitable, leur localisation, leur jardin, constituent un objet remarquable pour alimenter ces réflexions essentielles.
Terrains, méthodologie et équipe
Dans le cadre de cette recherche, nous nous intéressons plus particulièrement à cinq cités, qui constituent notre terrain d’observation privilégié. Trois se situent à Clermont-Ferrand – les cités de Chanturgue, de l’Oradou, et du Ressort-, et deux dans le territoire métropolitaine – la cité de Bezance à Romagnat, et celle du Massaud à Cébazat.
Sur le terrain ©Bénédicte Chaljub
Cela nous permet d’analyser des dispositifs et des situations variées car elles sont issues de conditions de production différents (période de réalisation, modes de construction, place des architectes) et sont aujourd’hui habitées dans le cadre du parc privé comme social. Mais notre regard se porte aussi sur quelques autres cités, pour les questionnements spécifiques qu’elles posent. La cité de la Pradelle (Clermont-Ferrand) permet ainsi d’explorer les difficultés structurelles du bâti et l’enjeu de la démolition.
Les méthodologies mises en œuvre sont multiples et répondent à nos enjeux problématiques – aborder les questions architecturales, patrimoniales, comme d’habiter et du vivant. Nous nous appuyons ainsi sur un travail aux archives, sur la réalisation d’entretiens auprès d’habitants des cinq cités étudiées, et d’experts, mais aussi de relevés habiter et de jardins, sur un Diagnostic paysager, ou bien encore un inventaire floristique et faunistique, ou pour finir sur des field recordings.
Dans ce contexte, notre équipe est nécessairement pluridisciplinaire. Le pilotage est assuré par Bénédicte Chaljub (architecte et historienne de l’architecture, MC HCA) et Amélie Flamand (sociologue, MC SHS), associées à Gaëtan Amossé (architecte, illustrateur), Arnaud Simetière (artiste sonore), Claude Chazelle (paysagiste), Franck Maddi (botaniste, Museum Lecoq/Clermont-Auvergne Métropole), Charles Lemarchand (zoologue, Museum Lecoq/Clermont Auvergne Métropole).
Sur le terrain ©Bénédicte Chaljub
Podcast Les cités Michelin. Passé, présent, futur d'un patrimoine vivant
A l’issue de ces deux années de terrain, nous avons réalisé le podcast, “Les Cités Michelin, passé-présent-futur d’un patrimoine vivant” composé de six épisodes et d’un bonus.
C’est un format inhabituel dans le monde scientifique, qui nous permet tout à la fois de rendre compte de nos arpentages, rencontres et analyses, et de nous adresser à un public élargi, au-delà du monde de la recherche. ,
La réalisation et la musique originale sont assurées par Arnaud S. | www.musique-imaginaire.com,
Communications et publications scientifiques
Chaljub B.
CONFÉRENCE Barcelona. Urban Futures – Cultural Pasts : Sustainable Cities, Cultures & Crafts
Le 17 juillet 2024, intervention de Bénédicte Chaljub sur les cités Michelin à la conférence “Barcelona. Urban Futures – Cultural Pasts : Sustainable Cities, Cultures & Crafts
Flamand A.
XXIIe CONGRÈS INTERNATIONAL DES SOCIOLOGUES DE LANGUE FRANÇAISE « Sciences, Savoirs et Sociétés »
Le 10 juillet à 14H50 à Ottawa : Les Cités Michelin (Clermont-Ferrand/France), patrimoine populaire vivant ? Amélie FLAMAND – ENSA de Clermont-Ferrand – UMR Ressources – CLERMONT-FERRAND, France
Chaljub B.
SEMINAIRE « RECHERCHE-CREATION. EXPERIENCES ET POTENTIALITES »
Une demi-journée d’échange autour de l’appel à projets « Mémoires des XXè et XXIè siècles » avec deux tables-rondes : des porteurs de projets, des membres du comité en charge de l’évaluation des candidatures, ainsi que des chercheurs et des structures partenaires.
Chaljub B., Flamand A.
COLLOQUE « DES CITÉS JARDINS POUR LE XXIE SIÈCLE »
Cette intervention de Bénédicte Chaljub et d’Amélie Flamand sur le projet des Cités Michelin a été donnée lors du colloque international « des cités-jardins pour le XXIe siècle » qui a eu lieu du 23 au 24 juin 2022 au Théâtre de Suresnes Jean-Vilar (92150 Suresnes).
Médiation grand public
Organisé par la Maison de l’architecture en Auvergne
BISTROT D’ARCHI : cités ouvrières, cités jardins, quels usages pour demain ?
Les chercheuses Bénédicte Chaljub, Amélie Flamand et Brigitte Ceroni ont croisé leurs réflexions autour de leur travaux sur les cités Michelin. Botaniste, paysagiste et graphiste sont venus compléter les échanges par leurs approches spécifiques le 22 juin 2023.
Organisé par le café Les Augustes
RENCONTRE « Cités-jardins/Cités Michelin (Clermont-Ferrand) »
26 septembre 2022 : Intervention “Cités-jardins/Cités Michelin (Clermont-Ferrand)” dans le cadre du café-archi du café associatif Les Augustes, Clermont-Ferrand
Chaljub B., Flamand A., Amossé G.
SALON D’ECOUTE PODCAST
VDu 5 au 15 mars 2024, le podcast « Les cités Michelin. Passé, présent, futur d’un patrimoine vivant » a été mis en avant dans le format d’un salon d’écoute lors de la semaine L’UMR Ressources en lumière l’ENSACF. Une présentation a été faite par Bénédicte Chaljub le 5 mars.
Chaljub B., Flamand A.
INSTALLATION SONORE « LES CITES MICHELIN »
À l’occasion de la Nuit des musées, un salon d’écoute au museum Henri-Lecoq permettra de découvrir le projet grâce à des témoignages d’habitants mêlés à des regards d’experts (acteurs politiques, architectes, chercheurs), ainsi que des spécialistes du vivant (paysagiste, zoologue, botaniste).