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À LA RECHERCHE DES TERRITOIRES DU POSSIBLE. RÉSISTANCES, INITIALITÉ, ARCHAÏQUE

Responsable scientifique : Stéphane BONZANI Membres de l’UMR Ressources associés au projet de recherche : Marc-Antoine DURAND, Simon TEYSSOU Financé par la Caisse des Dépôts

Les incertitudes qui touchent au devenir des territoires contemporains inscrivent ceux-ci dans une crise profonde qui affecte tout autant ceux qui y habitent que ceux qui, comme les architectes, les urbanistes, les paysagistes se proposent de les transformer.

En même temps qu’elles fragilisent les territoires, ces nouvelles conditions d’incertitude et de désorientation voient conjointement l’émergence, peut-être la résurgence, de pratiques de recommencements, de reprises, de réinitialisations. Par-là nous pensons à un champ très large de démarches qui proposent de répondre à l’incertitude et à la complexité du monde contemporain par la reprise du geste de bâtir dans sa dimension archaïque. Ces pratiques d’initialité prennent des formes très diverses et s’expriment dans des milieux variés : réactivation de figures d’installation archétypales, reprise du geste primitif du « construire », approche phénoménologique et redéfinition de l’architecture comme fabrication d’atmosphères, réinvestissement de la matière première et de sa mise en œuvre, ressourcement par des nouages à la nature dans sa double dimension physique et symbolique.

L’hypothèse soutenue dans cette recherche est que ces ruses de l’initialité, loin d’une régression, d’une approche rétrograde, en même temps qu’elles « font boussole » en proposant des actions simples, visent toutes à résister à des puissantes formes de déliances, de découpages, de dissociations qui fragilisent les milieux habités. Ces déliances, à l’œuvre tant dans les modes d’action que dans les modes d’intelligibilité des milieux, entrent en conflit avec les alliances et les nouages fondamentaux nécessaires à l’acte de bâtir et aux pratiques habitantes.

Le geste archaïque, c’est-à-dire initial (arkhè), inaugural, viserait ainsi à se réapproprier ce moment privilégié, en-deçà des divisions et des partages, qu’ils passent entre les établissements humains et le substrat géographique, ou entre les diverses dimensions biologique, psychique, sociale, symbolique et culturelle de l’habitation. Se dessine ainsi une forme alternative, mais peut-être finalement primitive et essentielle, de l’intelligence territoriale, certes loin des smart cities, mais engageant une relation au monde plus créative et plus originaire.